Suite à la dissolution de l’Assemblée nationale, l’ensemble des professionnels de l’immobilier avaient dimanche le regard rivé sur les résultats de ces élections législatives anticipées. Faute de majorité absolue, quelles vont être les conséquences sur la prochaine politique du logement ?
Alors que les derniers sondages annonçaient la victoire du Rassemblent National, la réalité a été toute autre ce dimanche soir à 20 h lors des résultats du second tour des élections législatives. Si le Nouveau Front Populaire est arrivé en tête avec 182 députés, il est aujourd’hui bien loin des 289 sièges requis pour obtenir la majorité absolue.
L’Assemblée nationale se retrouve en effet désormais divisée en trois blocs de taille comparable entre la gauche, la coalition présidentielle (168) et l’extrême droite (143). Les Républicains rassemblent, quant à eux, seulement 45 élus.
Si la tradition républicaine veut que le Premier ministre provienne du groupe parlementaire le plus nombreux, le président de la République pourrait également choisir de mettre en place un gouvernement de coalition. Pour l’heure, Emmanuel Macron a demandé à Gabriel Attal de rester premier ministre « pour le moment » afin de gérer les affaires courantes et « d’assurer la stabilité du pays ». L’Elysée avait ainsi fait savoir dimanche soir que le président attendrait la « structuration » de la nouvelle Assemblée « pour prendre les décisions nécessaires » et nommer le nouveau premier ministre.
Vers un statut quo ?
Si Loïc Cantin, le président de la FNAIM, s’était réjouit ce dimanche dans une tribune publiée dans le JDD du retour de la problématique du logement dans les programmes des partis politiques, l’absence de consensus au sein de l’Assemblée nationale pourrait pourtant mener vers un statut quo législatif. Une mauvaise nouvelle à l’heure où le marché immobilier connaît une crise sans précédent depuis plusieurs mois. Pénurie de biens à louer, ménages qui ne parviennent plus à emprunter, transactions en berne, explosion du nombre de faillites d’agences immobilières : il y a aujourd’hui fort à faire pour relancer le secteur.
« L’absence de considération au sommet de l’État pendant sept ans a conduit le secteur dans une situation d’affaiblissement terrible, au détriment des ménages d’abord. Pour la plupart d’entre eux, se loger est devenu un défi insurmontable », a ainsi observé Loïc Cantin. Et de souligner : « Cette élection sonne le retour du logement comme marqueur fort. Les programmes sont politiquement marqués Professionnels de l’immobilier, nous mesurerons leur efficacité sans considération partisane et notons d’ores et déjà que si la thématique est enfin abordée, aucun programme ne semble pourtant suffisant… »
Quid des programmes logement ?
Malgré un récent mea culpa du président de la République sur sa politique du logement, force est de constater que la majorité présidentielle n’a pas été très prolixe en termes de nouvelles propositions. Le programme de cette dernière comprend en effet seulement 3 mesures dédiées au logement : l’exonération des frais de notaire pour les achats de biens immobiliers jusqu’à 250 000 euros, la création d’un fonds pour financer la rénovation énergétique des logements des classes moyennes et populaires et la création d’une garantie de loyers inspirée de la Garantie Visale.
Si le programme du Nouveau Front Populaire est de loin plus fourni et à y affecter d’importants moyens, il ne fait pas toujours l’unanimité au sein du secteur immobilier. « Le projet de généraliser l’encadrement des loyers sur tout le territoire, d’instaurer une garantie universelle des loyers, d’abroger la loi Kasbarian sur le droit des propriétaires vis-à-vis des squatteurs et des locataires en situation d’impayé de loyer, de supprimer toutes les niches fiscales en vigueur, de maintenir les contraintes de la loi Climat résilience pour la transition énergétique du parc et d’allouer l’essentiel des crédits à la construction HLM et à la revalorisation des aides personnelles au logement, fait grincer des dents la communauté des professionnels de l’immobilier », a ainsi déclaré ce matin Henry Buzy-Cazaux, président fondateur de l’Institut du Management des Services Immobiliers, dans une tribune publiée sur Capital. Mais de rappeler : « On notera aussi que des idées du NFP feront l’unanimité de la filière et il importera de les saluer et les soutenir : rouvrir le prêt à taux zéro à la maison individuelle avec une quotité maximum identique sur tous les territoires est vital et le bloc de gauche l’a compris, sensible aux aspirations des ménages désireux de franchir le pas de la propriété. »
Quant au programme du RN, il propose un plan de construction de 100 000 nouveaux logements, l’abrogation de toutes les interdictions et obligations liées aux DPE, la suppression de l’IFI ou encore l’assouplissement des critères du ZAN.
« Acter la nouvelle équation de l’Assemblée nationale, c’est aussi favoriser une politique composite des meilleures idées de chacun des trois blocs sur le podium au soir du 7 juillet. On peut prétendre d’ores et déjà qu’il pourrait sortir de cette Chambre introuvable – au sens où aucun parti n’y détient la majorité absolue – une politique du logement plus experte et dépassionnée qu’idéologique », conclut Henry Buzy-Cazaux. Pour sortir le secteur immobilier de la crise, l’heure semble donc plus que jamais au compromis.
PUBLIÉ PAR FIGARO IMMOBILIER - 08/07/224
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